Le rapport de synthèse du groupe de travail du Conseil National de l’Habitat (CNH) sur « L’avenir du métier de syndic de copropriété et de son rôle dans la transition environnementale des immeubles collectifs », présidé par Monsieur Henry Buzy-Cazaux, a été adopté par le CNH lors de sa séance du 5 septembre dernier et rendu public. Le rapport part d’un constat paradoxal : bien que les syndics professionnels gèrent 90% des immeubles collectifs en France et soient essentiels à leur bon fonctionnement, ils souffrent d’une image dégradée, d’un manque d’attractivité et d’un modèle économique fragile. Après avoir analysé cette situation, le rapport du CNH propose des pistes d’évolution, notamment en lien avec la transition écologique.
Les syndics sont souvent critiqués pour leur manque de transparence, leurs honoraires, ou encore leur réactivité. Toutefois, malgré ces critiques, le rôle du syndic reste central, celui-ci étant désormais :
- Un acteur social : en luttant contre les logements indignes, les violences conjugales, les marchands de sommeil.
- Un relais des politiques publiques : en accompagnant les immeubles dans la transition écologique et la rénovation énergétique.
- Un gestionnaire technique et juridique : en maîtrisant des réglementations complexes (loi Climat Résilience, loi ELAN).
En outre, le syndic est devenu un véritable chef d’orchestre de la transition énergétique ; l’intermédiaire incontournable entre les copropriétaires, les professionnels du bâtiment, et les pouvoirs publics puisqu’il :
- pilote les travaux de rénovation énergétique : il identifie les besoins énergétiques de la copropriété via des diagnostics (DPE collectif, DTG), le Plan Pluriannuel de Travaux (PPT),
- conseille et sensibilise les copropriétaires aux enjeux énergétiques,
- joue un rôle de médiateur entre les intérêts divergents,
- accompagne les copropriétaires dans les démarches administratives et financières (aides, subventions, prêts collectifs),
- sélectionne les prestataires, suit les chantiers et reporte aux copropriétaires.
Au vu de toutes ces responsabilités sans cesse élargies, le métier de syndic de copropriété est à un tournant stratégique et doit se réinventer.
A cet égard, le rapport du CNH propose quarante-cinq (45) mesures parmi lesquelles :
- La réforme du modèle économique : meilleure lisibilité des honoraires, introduction de la performance dans la tarification, révision du contrat type ALUR pour plus de flexibilité, création du service spécifique avec convention séparées ;
- La formation et la professionnalisation : renforcement de la formation continue (42 heures triennales) avec un quota dédié à la transition écologique, création d’un référentiel métier pour les formations ;
- Le syndic d’intérêt collectif : nécessite de stabiliser ce nouveau métier créé par la loi du 9 avril 2024, formation spécialisée de 20h/an, soutien financier public indispensable pour rendre ce métier viable ;
- L’amélioration des outils numériques : extranets plus ergonomiques, utilisation des réseaux sociaux spécialisés, installation d’écrans interactifs dans les parties communes des immeubles permettant d’afficher des informations à destination des copropriétaires et des locataires,
- Le renforcement de la confiance : suppression de l’obligation de mise en concurrence, développement de la médiation, meilleure information sur les garanties financières ;
- La modernisation et l’attractivité : recours accru à la digitalisation et à l’intelligence artificielle, interopérabilité des logiciels pour faciliter les changements de syndic et améliorer la transparence, réduction de la pénibilité du métier en évitant les assemblées générales tardives, développement de la RSE dans les cabinets, réflexion sur le changement de nom du métier pour améliorer son image.
L’avenir du métier de syndic dépend ainsi de sa capacité à se moderniser, à se professionnaliser, à se valoriser économiquement, et à assumer son rôle social et environnemental.
Le rapport appelle à une mobilisation collective des pouvoirs publics, des professionnels et des copropriétaires pour faire du syndic un acteur reconnu, attractif et performant.
Groupe de travail du Conseil national de l’habitat – Juin 2025